Jade McFadden

Nom(s) : McFadden

Prénom(s) : Jade (Jèd), Rose, Catharina

Surnom : Au sein de l'unité on l'appelle par son nom de famille, McFadden

Date de Naissance : 2 Février
-----> Age : 26 ans

Origine : Née en Ecosse, à Aberdeen. A du sang américain, russe, irlandais et néo-zélandais

Rang : Membre de l'Unité Gilgamesh, Experte en Technologies

Metamorphose : Loup Gris

Armes :
• Glacer x2 : Fonctionne comme un blaster mais envoie des salves glaçantes. Jade en porte un à chaque cuisse attaché grâce à un étui de cuir noir.
• Concentrateur
• Shuko energétique : il s'agit d'un shuko à priori normal sauf qu'il ne porte pas de lames. Celles-ci sont en effet constituées d'énergie et activées par le porteur.

Défense:
• Poignet dôme
• Moniteur de téléportation

Famille :

• Mère : Gilrana McFadden, née Meredith, était la fille unique d'un entrepreneur américain et d'une touriste russe venue passer ses vacances d'été aux USA afin d'apprendre la langue pour peut-être venir y habiter. Bibliothécaire aux journées tranquilles, Gilrana était une belle jeune femme aux longs cheveux blonds et aux yeux noisettes d'une grande douceur : toujours prête à venir en aide à ceux qu'elle aimaient, elle était extrêmement serviable (voire parfois bonne poire) et tout le monde l'aimait. Cependant, elle avait de graves problèmes de santé et est décédée alors que ses filles n'étaient âgées que de 4 et 3 ans.
• Père : Royal (Roy) McFadden. Son père était un pur irlandais et sa mère une néo-zélandaise qui suivit son mari à Dublin où ils s'établirent. Aîné de quatre enfants, Roy était un homme au fort caractère et au tempérament plutôt colérique, ce qui ne l'empêchait pas d'être d'une grande gentillesse avec ses filles qu'il a dû élever seul après la mort de sa tendre épouse. Ancien vice-président de l'Ogma, il a cependant été remercié à la veille du lancement de la Bombe H parce qu'il avait "trop de scrupules" et pas assez de "professionnalisme" ni d'"ambition". Il s'est suicidé de désespoir et de honte sans en avertir personne.
• Sœur : Aînée de Jade d'un an, Rochelle n'avait aucun lien avec l'Ogma, même si son père occupait une place de choix en son sein. Restée très traumatisée du décès de sa mère, elle n'a jamais été particulièrement proche de Royal et de Jade, au contraire, elle passait son temps dehors avec des "amis" et des gens dont elle ne connaissait même pas les noms. D'ailleurs au bout d'un moment, elle a commencé à ne plus rentrer à la maison et à rester dehors de plus en plus longtemps si bien qu'un jour, elle a cessé de donner des nouvelles. Jade ignore si Rochelle a survécu à la bombe H, mais elle ne perd pas espoir de revoir un jour sa sœur.
• Fiancé : Callum Lawford. Ancien membre de l'unité Gilgamesh en tant qu'expert en armes à feu, il avait rencontré Jade grâce au père de cette dernière, à un cocktail d'entreprise. Né d'un père irlandais et d'une mère japonaise, Callum est un homme calme et sur qui on peut compter, se mettant en quatre pour ceux qui lui sont chers et en particulier Jade. Difficile à cerner, il est très volatile et secret, préférant de loin assumer ses problèmes seul plutôt que d'impliquer une tierce personne. Porté disparu depuis que le Président l'a envoyé en mission spéciale dans un endroit qui n'a pas été divulgué au reste de l'équipe, il a été la principale motivation de Jade lorsqu'elle a du prendre une décision quant à son intégration de l'Unité Gilgamesh.

Caractère : Au visage sérieux à la limite de l'austérité, à la parole cinglante parfois cynique et souvent ironique, Jade n'est pas une femme au caractère facile. Semblant toujours sur la défensive, froide et en même temps agressive, elle apparaît souvent comme franchement désagréable et en général, on l'évite de peur de subir ses foudres : fière, hautaine et peu encline à faire des compromis, la jeune irlandaise a été forgée dans le meilleur acier trempé, et cela se sent. Pugnace, d'une détermination à toute épreuve, elle est plus audacieuse que la plupart de ses collègues masculins sans pourtant avoir trop confiance en elle et accepte la critique pourvu qu'elle soit constructive et qu'elle provienne de quelqu'un qu'elle apprécie et/ou estime. D'une intelligence particulièrement développée, Jade aime exercer son esprit et dévore livres sur livres, ce qui peut sembler quelque peu étrange à la vue de son appartenance à un corps spécialisé dans les opérations coup-de-poing. Douée d'un talent d'orateur certain, elle est cultivée et charismatique, ce qui la place en pôle position de médiatrice pour éviter les disputes au sein de l'Unité. En effet, même si son caractère de cochon peut parfois (et avec raison) rebuter, la jeune femme est droite et juste, et règle souvent les conflits : cependant ne croyez pas au père Noël, elle ne prendra jamais la défense du plus opprimé mais de celui qui est innocent et qui le prouve. Un peu dans la tendance "marche ou crève" avec les inconnus et les faibles, McFadden n'est pas un modèle d'altruisme, mais elle n'abandonnera pas un équipier dans un merdier impraticable, surtout si c'est elle qui l'y a fourré : dotée d'un sens aigu des responsabilités, elle s'affirme souvent en leader et ce pour deux raisons : de un elle déteste qu'on lui impose les choses, et de deux, elle refuse de faire confiance aux autres membres de l'Unité. Appréciant agir en solitaire, Jade ne se lie pas facilement aux gens et ne se montre pas des plus sociables, pourtant, il se peut qu'on arrive à l'apprécier… Douée d'une grande capacité d'adaptation, l'irlandaise est très caméléon et ment parfaitement bien : en d'autres termes, si elle ne vous fait pas confiance, vous feriez mieux de faire de même sinon de grosses desillusions vous attendent.
Imprévisible et avide d'aventures, elle cache sous une apparente froideur brodée d'ironie, une grande sensibilité et plusieurs souvenirs douloureux. Débrouillarde, butée au possible, elle est également incisive, intuitive forte d'un sens de la répartie acerbe et parfois cruel : en dépit de tout généreuse (mais il faut vraiment la pousser dans ses derniers retranchements), McFadden est réfléchie et peu avare de conseils lorsqu'on le lui en demande. Paraissant ne jamais quitter sa mauvaise humeur criante, Jade n'est pas colérique pour autant et il faut vraiment le vouloir pour la faire sortir de ses gonds, mais lorsque cela se produit, il ne fait pas bon de rester dans les parages, bien au contraire…
Quant à son point de vue à propos de l'Ogma, il est net : elle hait la société ainsi que les gens qui y travaillent, mais sacrifie ses idéaux aux sentiments qu'elle porte à Callum puisqu'elle accepte de se soumettre au président de ce qu'elle déteste le plus au monde afin de le retrouver. Méprisante et cassante avec ses supérieurs, elle est insolente et tête brûlée, mais étonament, on lui passe tout, peut-être à cause de son affiliation avec Royal McFadden...

Physique : De taille moyenne (environ 1m62), aux courbes arrogantes et indéniablement féminines, McFadden est un étonnant contraste entre son caractère et son physique. Une chevelure si blonde et nacrée qu'elle paraît imprégnée de rayons de Lune et brumeuse comme de la vapeur d'eau, une peau douce et veloutée oscillant entre lait et sable, une bouche pétale de rose au bombé gourmand, elle ressemblerait plus à une danseuse de Degas qu'à la mercenaire brutale qu'elle est : pourtant, même si son visage est doux comme les portraits de madone et son regard d'un vert azuré magnifique, la flamme du défi luit dans ses prunelles. A l'aura froide et qui vous hérisserait les cheveux sur le crâne tant elle paraît renfrognée et peu d'humeur à bavarder, Jade se tient droite, voire même un peu trop, et sa démarche est assurée même si son visage aux traits réguliers est grave et a toujours l'air concentré et tendu, comme si quelque chose la perturbait sans répit. Possédant malgré tout un charme glacial aux accents magnétiques, presque hypnotiques, l'irlandaise fascine et repousse à la fois, mais elle est toujours loin de laisser indifférent : en fait, on la trouve souvent soit belle soit carrément laide.
Au corps fin et musclé, souple comme une liane, elle est en forme et cela se voit puisqu'elle est endurante, solide et capable de supporter des températures extrêmement froides (en contrepartie, elle ne supporte pas la chaleur) et de se balader en tee-shirt sous la neige sans ciller. Ses cheveux sont courts et ses longueurs inégales, comme si Jade les avaient toujours portés longs et avait décidé du jour au lendemain de les couper sans même faire attention à où elle passait les ciseaux; mais en vérité, il s'agit surtout d'une question pratique, car effectivement avant d'intégrer l'Unité Gilgamesh, elle avait les cheveux longs. McFadden ne parlant pas souvent sur un ton gentillet, il est difficile de connaître la vraie tonalité de sa voix : et bien celle-ci est grave et vibrante à la fois et son timbre clair et beau, bien moins dur qu'on se l'imaginerait.
Au niveau vestimentaire, Jade, lorsqu'elle est en service, porte une combinaison de cuir noir masquant totalement son corps et lui laissant une liberté de mouvement illimitée. Sinon, on la verra souvent dans un jean destroy avec des rangers aux pieds, un débardeur et une veste par-dessus, rien de bien affolant. A noter qu'elle porte la bague de fiançaille de Callum à l'annulaire gauche, un simple anneau d'argent sans aucune ciselure ni gravure. Mais en général, il est masqué par ses gants donc...

Talents : Surdouée, possède une formation médicale. Egalement, elle est très agile et bonne gymnaste.

Histoire : Née le 2 Février 1987 dans un pavillon cossu du centre ville d’Aberdeen, Jade faisait déjà partie des rares êtres favorisés par la naissance en venant au monde dans une famille à la fois très aisée, mais également socialement bien placée puisque son père, Royal, était vice-président d’un grand groupe cybernétique alors en pleine expansion. De milieu plus modeste mais ayant elle aussi bénéficié d’une solide éducation, Gilrana, sa mère, parlait aussi bien le russe que l’anglais grâce à ses propres parents, et avait appris le français à l’université : ayant déjà eu une petite fille l’année précédente, elle se faisait une joie d’en avoir encore une juste pour faire enrager son machiste d’époux qui se voyait déjà passer des soirées entières avec son fils ,dans les plus grands stades mondiaux, afin d’assister aux meilleurs matches de football.

Et effectivement, Royal fut un peu déçu lorsqu’on lui annonça qu’il était l’heureux père d’une adorable petite fille, mais en la voyant et en la prenant dans ses bras, il oublia complètement son désir d’avoir un garçon.

C’est donc ainsi que commença la vie de la petite Jade Rose Catharina McFadden, au milieu du luxe et des fastes des galas de charité et des fêtes d’entreprise organisées par sa mère et son père où elle passait son temps à se cacher dans les jupes des invitées et à mettre les mains dans la nourriture en compagnie de sa sœur pour s’amuser, en digne gamine tête à claque qu’elle pouvait alors revendiquer d’être.
Les années passèrent lentement, rythmées par les rires, les larmes et les bêtises, et le bébé joufflu chauve comme un œuf mais aux magnifiques yeux turquoises devint une ravissante petite fille aux charmantes tresses blondes sagement disposées autour de son visage couleur porcelaine, polie et riante, sociable, faisant le bonheur de ses parents et de sa sœur aînée, Rochelle. Mais la cerise sur le gâteau était certainement la précocité intellectuelle de Jade : un chaud après midi d’été, alors qu’elle était assise dans le jardin surveillée par sa mère et en compagnie de Rochelle qui peinait sur son abécédaire, la cadette de la famille alors âgée de deux ans s’était assise à côté de son aînée et avait commencé à l’aider à décrypter les lettres imprimées sur le papier glacé. Tout d’abord, Gilrana n’y avait pas vraiment crut, mais lorsqu’elle délaissa ses broderies pour s’approcher de ses filles, elle s’était rendu compte qu’effectivement, Jade savait lire et qu’elle donnait des astuces à Rochelle : infiniment surprise, la douce américano-russe avait confiée l’aînée à une domestique et emmenée la plus petite faire un test de QI, curieuse de voir combien aurait son enfant.

Malheureusement, Jade fut déclarée trop jeune pour passer ce genre d’épreuve, aussi Gilrana se promit-elle de revenir pour l’entrée au CP de sa fille.
La même année, Royal fut muté à Paris, où se trouvait le siège de sa société, et il reçu également une augmentation : bref, tout semblait rose pour la petite famille McFadden, mais vous savez ce qu’on dit, « il y a toujours un hic ». Et ce hic décida de s’en prendre à Gilrana.

C’était une matinée d’hiver fraîche mais ensoleillée, et la jeune femme était allée signer le contrat de vente de l’appartement que la famille occuperait durant son séjour à Paris : vêtue d’un tailleur de soie blanc, elle attendait patiemment dans le bureau de l’agent immobilier, la petite Rochelle sur ses genoux.
- Chérie, ne met pas des doigts dans ton nez s’il te plait.
La petite lança à sa mère un regard courroucé, mais obéit et elle entreprit donc de se curer les oreilles pour compenser, ce qui fit rire Gilrana. En observant l’aînée de ses filles, la jeune femme avait réalisé que celle-ci ressemblait plus à son père dont elle avait les yeux verts bouteille ainsi que les cheveux blonds cendrés, par contre, Jade, elle, était son fidèle portrait lorsqu’elle avait son âge, à l’exception de ses prunelles turquoises.
Un sourire tendre aux lèvres, Gilrana allait passer une main blanche aux ongles lisses et brillants comme de petits coquillages nacrés dans les boucles soyeuses de Rochelle, mais elle se sentit soudainement prise d’une faiblesse intense. Sa tête lui tournait, et elle perdait ses forces… Sa vision devenait floue, et quelques secondes plus tard seulement, ce fut le noir.

Lorsqu’elle reprit connaissance, Gilrana était allongée dans un lit douillet et son époux était à son chevet, l’inquiétude se lisant sur son beau visage aux traits marqués par les nuits de veille à travailler de façon acharnée.
- Ma chérie, tu es réveillée… Ne fais surtout pas d’effort, le médecin a dit qu’il apporterait les résultats d’analyse dès qu’ils seraient arrivés.
La douce jeune femme s’amusa de l’angoisse à laquelle avait été sujet Royal car certaine au fond d’elle d’être en parfaite santé, mais elle n’en montra rien et sourit gentiment.
- Ne t’inquiète pas, je vais bien. J’ai juste eu une petite perte de conscience, ce n’est que de la fatigue.
Ce dernier secoua la tête et attrapa la main de sa femme avec fébrilité.
- Non non, on ne prend pas de risque. Tu es dans la meilleure clinique privée de Paris et tu vas y rester le temps de reprendre des forces. Les filles sont à la maison, je maîtrise parfaitement la situation.
A vrai dire, Gilrana avait toujours été attendrie par l’impérieuse volonté qu’avait Royal de toujours donner le meilleur aux gens qu’il aimait, quitte à se négliger lui-même et sa santé pour y parvenir; et ce jour là particulièrement, elle se sentait redevable et pleine d’amour : elle savait à quel point sa chance d’avoir un tel mari était grande, d’autant plus qu’il était aussi le plus aimant des pères.
- Royal, murmura t-elle d’une voix douce, je peux rentrer à la maison tu sais. Les filles vont s’inquiéter…
- Gilly, je ne veux pas que tu…
Il fut interrompu par un médecin qui frappa doucement à la porte et entra, l’air grave.
- Monsieur McFadden ? Pourrais-je m’entretenir avec vous quelques instants ?
Ce dernier hocha la tête et lâcha les mains de son épouse avant de l’embrasser sur le front.
- Je reviens, essaye de te reposer.
Puis, il sorti en compagnie du médecin, un trentenaire aux cheveux déjà poivre et sel répondant au nom de Martin. Lorsqu’ils furent dans le couloir, le praticien tendit le dossier à Royal d’un air ennuyé.
- Ecoutez Monsieur McFadden, votre femme…
Il s’interrompit, regardant son interlocuteur ouvrir la pochette de carton mauve et attendit la réaction. Celle-ci ne se fit pas attendre et un sourire crispé apparu immédiatement sur le visage de Royal.
- Il y a une erreur, ce n’est pas possible…
Mais le docteur Martin secoua la tête, implacable.
- Je regrette Monsieur, mais votre épouse souffre d’une leucémie avancée. Il ne lui reste guère plus d’un an…
Assommé par le choc de la nouvelle et la sueur de ses mains trempant progressivement le dossier violet, Royal se laissa tomber sur le premier siège qu’il trouva : il était si pâle qu’on aurait dit son visage sculpté dans de l’albâtre et une veine battait furieusement à sa tempe. Sa Gilrana ne pouvait être malade à ce point là, non, il l’aurait forcément su avant…
- Monsieur… Si vous désirez, nous pouvons mettre votre femme sous traitement, mais… elle sera épuisée et le résultat n’est pas garanti.
Mais les oreilles de Royal étaient sourdes : il ne percevait plus le monde autour de lui et seule, résonnait dans sa tête cette même phrase « votre épouse souffre d’une leucémie avancée, il ne lui reste plus qu’un an… ».

De son côté, Gilrana commençait à s’impatienter : cela faisait bien dix minutes que le docteur Martin et son époux étaient sortis de la chambre, aussi résolu t-elle d’aller les chercher. Elle se leva et sortit dans le couloir où elle aperçu Royal affalé sur une chaise, le docteur visiblement ennuyé silencieux à ses côtés. S’approchant à petits pas d’eux, la jeune femme se sentait accablée, sans même savoir pourquoi, et plus elle avançait, plus le sentiment de malaise se faisant grand. Lorsqu’elle arriva finalement à la hauteur de Royal, et vit qu’il pleurait…
Faisant signe au médecin de les laisser, Gilrana s’agenouilla près de son époux et entoura son cou de ses bras.
- Royal… Qu’y a-t-il mon amour ?
Mais ce dernier ne répondait pas, et se contenter de trembler, osant à peine regarder sa femme.
C’est à cet instant que cette dernière comprit. Elle comprit que sa perte de connaissance n’était pas seulement due à la fatigue mais à quelque chose de grave, de si grave que Royal en pleurait…
- Ne pleure pas mon amour, ne pleure pas… Je suis là regarde, je ne suis pas encore… morte.
Elle avait eu du mal à prononcer le mot, mais l’avait fait avec le sourire pour ne pas accabler davantage son époux.
Celui-ci se redressa et ses yeux rougis par les larmes se posèrent sur le beau visage de Gilrana qui, bien que troublée, lui sourit avec tout son amour.
- Tu vois, je suis là…
Royal secoua la tête. Quelques larmes parlaient encore à ses cils.
- Tiens, c’est ton dossier… lâcha t-il en lui tendant la pochette violette d’une main peu sûre.
Mais la jeune femme la repoussa et se redressa.
- Je ne tiens pas à la lire. Je ne tiens pas à savoir… Mais je veux rentrer à la maison pour manger avec les filles, leur faire prendre leur bain, passer leurs pyjamas, et puis ensuite leur raconter une histoire… En ce moment elles adorent celle de la Belle au Bois Dormant, tu sais… Et puis après je veux les embrasser pour leur souhaiter bonne nuit et les regarder dormir paisiblement… On rentre ? Je n’aime pas cet endroit Royal…
Jetant un regard au visage de sa femme qu’il savait faussement jovial, ce dernier sembla réfléchir une éternité avant de finalement hocher la tête. Il se leva et alla chercher son pardessus dont il recouvrit les fines épaules de Gilrana avant de la conduire jusqu’à leur voiture, un chauffeur les attendant au parking.


Lorsqu’ils arrivèrent à leur domicile, les petites étaient très inquiètes, en particulier Rochelle qui avait vu sa « maman tomber par terre comme une pierre dans l’eau ».
Mais Gilrana les rassura en s’asseyant sur son lit et en prenant chacune de ses filles sur un genou pour leur faire un énorme câlin. Adossé à l’embrasure de la porte, Royal regardait la scène avec dans les yeux un mélange de souffrance et de tendresse : il ne supportait pas l’idée de perdre son épouse, mais encore moins celle de voir ses filles grandir sans la présence de sa tendre Gilrana. Et pourtant…

Comme d’habitude, le temps passa, trop vite, il passe toujours trop vite, et la santé de Gilrana se dégradait de jour en jour… Vint finalement un matin où, se sentant particulièrement faible, elle fit venir ses deux filles dans sa chambre. Rochelle savait bien que sa maman était au plus mal, mais ni elle ni jade ne pouvait encore comprendre que ce serait la dernière fois de leurs vies qu’elles la verraient.
La pièce était toute illuminée de soleil, comme noyée de rayons brillants et chauds, et les oiseaux chantaient dans les arbres du jardin, inconscients du malheur des hommes. Assise dans son lit, Gilrana faisait son possible pour faire bonne figure, mais son état n’illusionnait personne, et surtout pas Royal qui avait préféré s’enfermer dans son bureau pour ne pas craquer devant ses filles.
Lorsque les deux fillettes de 3 et quatre ans furent amenées par leur nourrice, ce fut Jade la première qui se jeta dans les bras maigres de sa mère. Puis, Rochelle, plus timide et plus attentive à la faiblesse de Gilrana, s’approcha lentement pour s’asseoir sur le lit avec une grande douceur.
- Mes chéries…
Les larmes aux yeux, Gilrana serra ses filles contre elle avec le peu de force qu’elle était capable de réunir.
- Mes filles chéries… Rochelle, Jade… Je… Maman doit…
Lorsque ses yeux rencontrèrent les prunelles claires de sa fille cadette, la jeune femme sentit son courage s’évanouir, et sans qu’elle ne s’en rende compte, les larmes qu’elle avait si bien retenues commencèrent à échapper à son contrôle, perles de cristal traçant des sillons rosés sur la pâleur de son visage tiré.
- Maman va devoir s’absenter… Pendant un long moment… un très long moment…
- Tu vas où ? questionna Jade en toute innocence, pendant que de l’autre côté du lit, Rochelle gardait le silence, tu nous rapportera des cadeaux ?
La candeur de la petite fit sourire Gilrana à travers ses larmes et elle secoua la tête.
- Non ma puce, je ne pourrais pas t’acheter de cadeau là où je vais… Mais je penserai très fort à toi, je te le jure.
- Promis ?
Il y eu un court silence durant lequel la jeune femme baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de ses filles.
- Promis.
C’est alors que Rochelle, qui n’avait encore rien dit, s’accrocha au bras de sa mère avec une force désespérée.
- Maman pars pas ! Reste avec nous maman ! Je veux pas que tu t’en ailles, sinon tu ne reviendra plus…
En larme, la fillette ne répondait pas aux suppliques de sa mère et hurla tant et si bien qu’elle attira Royal qui était sorti de son bureau afin de faire ses adieux à son épouse. Entrant dans la chambre, il attrapa la petite Rochelle et la détacha de sa mère, tentant de la serrer contre lui pour la calmer. Mais on voyait bien qu’il tentant surtout de ne pas l’imiter, c'est-à-dire de ne pas fondre en larmes.

C’est cette matinée de printemps que Gilrana Elise McFadden décéda chez elle d’une leucémie avancée.

Par la suite, les choses ne furent plus jamais pareilles au sein de la famille.
Les petites grandirent, leur père vieillit… Et une fêlure était apparue sur la couche de vernis bien lisse qui recouvrait le portrait de famille des McFadden.
Rochelle et Jade devinrent des adolescentes, et c’est à partir de ce moment que l’aînée se montra de plus en plus distante avec sa sœur et son père : ce dernier n’était de toute façon plus très présent, et passait son temps à travailler. De son côté, la cadette noyait son ennui dans les livres et restait enfermée dans la bibliothèque des journées entières, sans même sortir pour manger et parfois sans dormir, ayant perdu le sommeil depuis la mort de Gilrana. Mais celle qui en fut le plus affecté était certainement Rochelle qui passait ses nuits dehors et qui adorait l’alcool, buvant certains soirs plus qu’elle ne l’aurait fait en deux semaines de fêtes et de rave party intensives…

Malgré tout, la vie alla sont train et bientôt Rochelle s’absenta plusieurs semaines, voire même plusieurs mois pour aller courir le monde avec des amis, tandis que Jade sortait peu à peu de ses retraites littéraires pour se dépenser dans le sport, en particulier le patinage et la boxe. Elle prit même des cours de médecine et de d’histoire de l’art afin de tuer le temps… en bref, elle s’occupait comme elle le pouvait, constatant sans l’admettre que sa vie était morne et sans intérêt. Elle allait fêter ses dix-huit ans quand, prit d’un accès de conscience paternelle, Royal réalisa que depuis la disparition de son épouse, il n’avait presque pas vu ses filles, aussi décida t-il d’organiser une fête au sein de son entreprise, l’Ogma, pour la majorité de la cadette de ses enfants. Fort d’un succès commercial, le président avait donné son accord : la salle de gala avait été apprêtée, et tous les employés invités.
Pourtant, Jade hésitait à y aller, et le soir même, alors qu’elle avait revêtue sa robe de soirée en satin perle, elle était encore assise devant sa coiffeuse, silencieuse et observant le miroir comme si un visage chéri, celui de sa mère, allait y apparaître.
Poussant un long soupir, la jeune fille passa ses doigts fins et gracieux dans ses longues mèches blondes et les disposa autour de son visage, comme sa mère avait l’habitude de le faire pour les photographies : et effectivement, à part la couleur des yeux, la ressemblance était saisissante.
C’est ce moment précis que choisit Royal pour entrer. Muet devant l’image du visage de sa fille reflété dans le miroir, il s’approcha d-elle et embrassa ses cheveux avec tendresse, les larmes aux yeux.
- Si Rochelle était là ce soir, elle pourrait voir à quel point tu ressembles à votre mère…
Sa voix était rauque, et voir son père aussi ému serrait le coeur de Jade, aussi cette dernière se leva t-elle pour l’embrasser à son tour, mais sur la joue.
- Rochelle n’est pas là, et maman non plus. Nous sommes tous seuls tous les deux…
Elle s’interrompit un instant, les yeux embués, mais reprit presque aussitôt.
- Alors serrons nous les coudes, hein papa…
Ce dernier hocha la tête et se détourna.
- Je t’attends dans la voiture, ne soit pas longue, c’est ton anniversaire ce soir.
Puis, il sortit de la pièce, laissant sa fille seule.
Après quelques instants passés à observer son reflet, Jade quitta à son tour sa chambre.


La soirée était magnifique, et la salle splendide dotée de superbes baies vitrées donnant sur des balcons immenses : les pétales des fleurs qui s’y trouvaient reflétaient le clair de lune et l’air était doux…
C’était une nuit idéale en bref, pourtant, Jade avait l’impression d’étouffer au milieu de tous ces gens qui se connaissaient déjà entre eux et qui concouraient pour l’expression faciale la plus hypocrite.
Lasse des invités, la jeune fille faussa compagnie à son père et se retira sur un des balcons, à l’abri des regards, pour s’asseoir sur la rambarde et observer le clair de lune sans avoir l’impression d’être étudiée ou jaugée par des dizaines de personnes.
La douce brise lui fit du bien, et elle se sentit d’un coup libérée d’un grand poids.
- Mlle ?
Jade sursauta et faillit tomber à la renverse en réalisant que celui qui venait de lui adresser la parole était un jeune homme inconnu au bataillon et au sourire terriblement doux.
Le fixant avec des yeux ronds, elle ne répondit pas, ce qui provoqua le rire de l’inconnu.
- Je suis désolé de vous déranger en pleine rêverie nocturne, mais vous ne semblez pas connaître grand monde, et je suis dans le même cas. J’ai pensé que nous pourrions faire front commun, ou au moins discuter ensemble…
La jeune fille hocha la tête et sauta de sa rambarde avec l’agilité d’un chat.
- Et bien, quelle souplesse, s’amusa le jeune homme en lui tendant une coupe de champagne.
Détaillant le liquide ambré des yeux, Jade secoua la tête en imaginant le nombre de verres comme celui-ci que Rochelle avait du boire en une seule soirée.
- Non merci, j’ai horreur de l’alcool.
- Ok, répondit simplement l’inconnu en souriant, déposant la coupe sur la rambarde de pierre.
Puis, il s’y adossa et lorsqu’il se rapprocha d’elle, la jeune fille remarqua qu’il était plus grand qu’elle d’une bonne trentaine de centimètres.
- Je m’appelle Callum, enchanté.
Il lui tendit une main ferme et bronzée qui inspirait force et confiance, mais qu’elle n’osa pas serrer. En fait, Jade se méfiait de cet inconnu et uniquement parce qu’il n’avait pas la tête à porter ce genre de nom.
- Pourquoi vous me regardez comme ça ? J’ai un truc sur le visage ?
- Euh, non, mais vous euh…
Fronçant légèrement les sourcils, Callum croisa les bras et fit mine de réfléchir.
- Voyons, vous trouvez que ma tête ne correspond pas avec mon nom c’est ça ?
- Euh, oui mais euh…
- Je suis à moitié japonais par ma mère.
- Ah…
Baissant les yeux, la jeune fille se sentit soudainement honteuse : elle était complètement paranoïaque avec le seul invité qui s’adressait à elle normalement et pas en ne voyant uniquement que la fille du second du patron.
- Moi c’est Jade. Je vous prie de m’excuser, je n’ai pas l’habitude de voir du monde et…
- Jade ! Je te cherchais partout, où étais-tu donc passée ma chérie ?
La baie vitrée s’ouvrit et Royal débarqua sur le balcon : apparemment, il était un peu pompette puisqu’il parlait d’une voix tonitruante et que sa démarche n’était plus très droite.
Il s’approcha et ouvrit des yeux ronds en apercevant Callum.
- Oh, mais que vois-je…
Semblant dégrisé, il passa son bras autour du cou de sa fille.
- Tu n’as pas liée connaissance avec le moindre de mes invités. Je te présente Callum Lawford, de l’Unité Gilgamesh. Je suis ravi de vous voir ce soir, vous accompagnez le président ?
L’intéressé eu, l’espace d’un très court instant, un sourire qui sembla légèrement « carnassier » à Jade, mais elle n’y prêta pas vraiment attention.
- Unité Gilgamesh ?
Callum hocha la tête et bu une gorgée de champagne.
- Je suis chargé, avec trois collègues, de la sécurité du président de l’Ogma. Et pour vous répondre Monsieur McFadden, non, il n’est pas là. Mais nous sommes tous les quatre présents afin de vérifier que tout se passe bien et que rien ne vient troubler la réception.
Jade suivait la conversation en silence, mais surtout, elle observait son père : il semblait tendu en la présence de Callum, et relativement peu à l'aise. Pourtant, si ce qu'elle avait compris était juste, le jeune homme n'était qu'un simple garde du corps… En tout cas, elle n'appréciait pas particulièrement le fait que son père vienne s'immiscer entre elle et la seule personne à lui avoir parlé normalement de toute la soirée.
- Papa, tu devrais aller rejoindre tes invités, lâcha t-elle fermement en poussant un peu Royal afin qu'il s'éloigne, ce qui arracha un très léger sourire à Callum.
- D'accord ma chérie, mais fais attention à toi.
Il l'embrassa gentiment sur le front et après avoir lancé un regard suspicieux au membre de l'Unité Gilgamesh, il ouvrit la baie vitrée et disparu à l'intérieur de la salle bruyante et bien éclairée.
Restée seule avec le jeune homme, Jade poussa un soupir et s'adossa à la balustrade.
- Pffffiou… Mon père est gentil, mais je ne sais pas pourquoi, il n'a pas l'air de vous porter dans son cœur. Vous n'avez pas de bonnes relations professionnelles?
Venant s'installer à ses côtés, Callum secoua la tête, baissant les yeux.
- L'unité Gilgamesh n'a de bonnes relations avec personne. On nous déteste dans la société, et ce n'est pas moi qui contredirais ce genre de points de vue.
Jade fronça les sourcils et croisa les bras, frictionnant légèrement ses épaules : la nuit s'avançait, et il commençait à faire un peu froid…
- Bah, les gens détestent souvent sans raison valable. Il ne faut pas s'en préoccuper et vivre sa vie.
Callum sourit et hocha la tête avant de retirer la veste de son costume et de la poser délicatement sur les épaules de son interlocutrice.
- C'est vrai. Vous devriez rentrer, vous avez froid.
- Non je n'ai pas froid. Mais vous avez raison, je vais rentrée.
Et elle se détacha de la rambarde pour ouvrir la baie vitrée, plantant Callum sur le balcon.
Elle passa le reste de la soirée avec son père et ce ne fut que lorsqu'elle fut chez elle qu'elle remarqua avoir embarquée la veste du garde du corps.



Et ce fut là le début d'une belle histoire sentimentale entre Jade et Callum, lequel passa au domicile de la jeune fille le lendemain pour récupérer sa veste et accessoirement l'inviter au restaurant le soir même, invitation que cette dernière accepta avec plaisir sans toutefois le montrer.
C'est ainsi qu'au fil du temps, les deux jeunes gens se rapprochèrent, et vint un beau jour de printemps ou Callum demanda Jade en fiançailles : bien entendu, la jeune femme à présent âgée de 23 ans accepta. Ce n'était pas la première fois que Callum lui proposait, mais auparavant, les demandes n'avaient pas été officielles car Jade refusait de s'engager et préférait se consacrer à ses études.
Cependant, tout n'était pas rose à cette période de sa vie, et c'est l'année suivante que le père de Jade fut renvoyé de l'Ogma… Après quoi il se suicida sans avoir dit adieu à personne et sans même s'être expliqué avec sa fille. Sa mort affecta beaucoup Jade qui s'en remit en partie grâce à la présence de Callum, et elle commençait à aller un peu mieux quand l'Ogma fit exploser la Bombe H.
Heureusement mise en sécurité par son cher et tendre, la jeune femme vécu cet épisode de l'histoire humaine avec beaucoup de douleur : tout n'était que ruines et mort autour d'elle, et ajoutant à cela la disparition de Callum envoyé en mission dans un endroit inconnu… ç'en fut trop pour Jade qui sembla perdre les pédales, se lançant à corps perdu dans la pratique de sports exténuants, et passant son temps à arpenter les couloirs de l'Ogma afin de tomber sur un responsable qui pourrait la renseigner quant à la disparition de son fiancé.
C'est cette année là qu'elle devint hargneuse et désagréable, sans cesse sur les nerfs et passant son temps à agresser les autres, mais aussi cette année là que son acharnement fut remarqué par le nouveau vice-président de la société. Ce dernier lui proposa alors un deal et après lui avoir fait passer une batterie de test, il décréta que Jade pouvait intégrer l'Unité Gilgamesh à son tour afin de pouvoir peut-être en apprendre plus sur la dernière mission de Callum et pour pouvoir, peut-être, le retrouver.
N'ayant plus rien à perdre, seule, désespérée, la jeune femme accepta et offrit son corps aux scientifiques afin qu'ils la transforment, et c'est ce qu'ils firent sans le moindre état d'âme.
Pendant encore un an, Jade s'entraîna encore à accepter son nouveau statut, ainsi que les gènes qui étaient les siens désormais, et devint finalement membre à part entière de l'unité Gilgamesh après la défection du premier expert en technologies. A présent, la jeune femme travaille pour l'Ogma, comme son père avant elle, et est devenue beaucoup plus forte tant sur le plan physique que psychologique. Elle déteste cependant les dirigeants de la société : bien que chargée de leur protection, elle les éliminerait volontiers et il semble qu'elle n'attende qu'une occasion… Possédant un point de vue tout arrêté sur la GE, elle a mise de côté son éthique pour travailler avec les meurtriers de milliards de gens, et tout ça pour l'espoir fou de retrouver Callum.


Bon, j'ai un peu bâclée la fin, mais ça commençait à faire longuet^^"

Soit, mais l'histoire est tout de même sympathique^^

Fiche validée, bon jeu Miss McFadden