Une journée comme une autre...

Do you ever feel like breaking down?
Do you ever feel out of place?
Like somehow you just don't belong
And no one understands you

Selena s'éloigna du microscope et redressa machinalement ses lunettes pour se masser le nez et le coin des yeux. Elle tendit ensuite le bras pour attraper sa bouteille de sirop à la menthe (mélangée à de l'eau... un peu) et but une petite gorgée.

Do you ever wanna run away?
Do you lock yourself in your room?
With the radio on turned up so loud
And no one hears you screaming

Reposant machinalement la bouteille à sa place réservée dans un coin, elle tapa quelques lignes sur l'ordinateur qui lui servait de bloc-notes personnel. Elle s'assura machinalement que ses écouteurs étaient bien vissés à ses oreilles, puis, retourna à son observation de cellules au microscope.

[...]To be hurt
To feel lost
To be left out in the dark
To be kicked
When you're down
To feel like you've been pushed around
To be on the edge of breaking down
When no one's there to save you[...]

Entendant, malgré la musique (qu'elle ne mettait jamais très fort, pas besoin d'être sourde avant l'âge), la porte du laboratoire claquer, Selena ne se donna pourtant pas la peine de se retourner, et continua son observation.

"Met les résultats là s'il te plait." dit-elle simplement en pensant s'adresser à l'un de ses collègues, partit dans une autre pièce effectuer une expérience dont il devait lui ramener les résultats pour analyse. Elle tapota distraitement un endroit de la table de son index droit, avant de s'intéresser à nouveau à ces cellules qui semblaient s'amuser à la narguer.

[libre, excusez le manque d'imagination pour le titre Razz

]

Dans son laboratoire, Arianne préparait minutieusement une des étapes de sa nouvelle expérience, lorsqu'elle se rendit compte qu'il lui manquait un bécher. Elle chercha autour de son matériel déjà en place, souleva ses feuilles, ses cahiers, fouilla dans les armoires, dans les tiroirs, mais ne trouva pas son fameux bécher. Il n'y en avait qu'un seul dans le local qui convenait à l'expérience qu'Arianne s'apprêtait à faire, alors elle dû sortir pour en trouver une autre ailleurs. Elle marcha dans le couloir qui menait à la salle de laboratoire la plus proche, tout en pensant à celui ou celle qui avait pris le bécher sans le remettre à sa place.

* J'aimerais bien que pour une fois, on respecte mon matériel! J'en ai assez de le courir à travers tous les locaux moi! *

Elle croisa quelques collègues, et fit tout son possible pour paraître aimable en leur faisant des petits sourires polis, puis entra finalement dans le local en soupirant d'agacement. En y pénétrant, elle vit quelqu'un installé devant un microscope et en entendant le ton de sa voix qui s'éleva soudainement dans la pièce, elle reconnut immédiatement Selena, une collègue plus spécialisée en biologie. Elle sembla parler à quelqu'un qui devait ramener des résultats, et comme Arianne n'était aucunement cette personne, elle se demanda de quoi elle voulait bien parler. C'est juste avant de prononcer un mot qu'elle se souvint que Selena travaillait avec un autre chercheur qui devait sûrement être sortit pour aller vérifier certains détails de leur expérience en cours. Elle s'approcha de Selena et lui dit, d'une voix calme pour ne pas la faire sursauter:

- Désolée de t'importuner de la sorte, Selena, mais je cherche un bécher de 400ml qui est normalement dans mon labo, tu l'aurais pas vu par hasard?

Tout en disant sa phrase, elle observa les comptoirs qui les entouraient en se grattant la tête du bout de son crayon (celui où la gomme à effacer, pas la mine).

Reconnaissant une voix féminine par dessus la musique qu'elle écoutait, Selena comprit qu'elle avait fait une erreur, Erwan avait beau être doué pour les imitations de voix il ne s'amusait plus à ce genre de choses lorsqu'ils travaillaient depuis que Selena le lui avait gentiment demandé.
Elle fouilla alors dans l'une des poches de sa blouse blanche pour en sortir son lecteur MP3 et le mettre en mode OFF.
Elle leva les yeux tout en faisant pivoter son siège et sourit poliment à Arianne en la reconnaissant. Elle battit doucement des cils en réfléchissant à sa demande avant de réaliser que, oui, en effet, il est possible qu'elle ait aperçu un bécher de 400 mL.

"Oui c'est possible. J'avais envoyé Erwan m'en chercher un il y a quelques heures, j'ignorais qu'il te l'avait emprunté sans te le demander." expliqua-t-elle en se levant.

Elle se dirigea vers une espèce d'armoire blanche incrustée dans le mur. Lorsqu'elle l'ouvrit, il y eut un petit bruit pneumatique. C'était un container hermétique possédant la propriété de libérer n'importe quelle température désirée, et actuellement divisé en deux parties : l'une illuminée, l'autre à l'obscurité. La température affichée sur le thermomètre intégré affichait 38°C, mais une porte vitrée épaisse empêchait toute interférence de l'atmosphère extérieure. De nombreux béchers étaient répartis sur plusieurs étagères, contenant des suspensions de liquides aux diverses teintes verdâtres ou rougeâtres.
Selena vérifia les données affichées sur un panneau de contrôle.

"L'expérience se termine dans deux minutes." annonça-t-elle à Arianne. "Tu as quelques minutes, le temps que je transfère les suspensions et nettoie le bécher où c'est très urgent ?" demanda-t-elle poliment.

Travaillée était une chose, gêner une collègue dans son travail en était une autre.

Arianne sourit en entendant le nom que prononça Selena. Erwan était un chercheur dans la vingtaine lui aussi, du moins c'est l'impression que donnait sa bonne humeur constante et son énergie à en donner mal à la tête. La jeune femme n'avait jamais vraiment pris le temps de discuter avec lui, peut-être parce qu'il était toujours concentré sur ses recherches, tout comme elle. Peut-être avaient-ils plusieurs points en communs? Elle n'en saurait probablement jamais rien...
Elle secoua alors la tête lentement en soupirant, et dit alors:

- Ah! Ce satané Erwan! J'aurais dû me douter que c'était lui qui me l'avait emprunté! C'est pratiquement toujours lui qui m'emprunte mes choses...

Elle observa Selena se lever et se diriger vers une armoire blanche hermétique. Cette invention avait toujours surpris Arianne puisqu'elle démontrait une grande amélioration et un progrès immense du côté scientifique. Elle aurait voulu remercier chaleureusement son inventeur, mais il devait sûrement être mort à l'heure qu'il est, sauf s'il était un survivant. À ces pensées, Arianne émit un soupir de nostalgie, mais elle n'eut pas le temps de repenser à sa famille maintenant morte car Selena lui adressa la parole à nouveau. Le bécher serait prêt dans quelques minutes, la jeune chercheuse aux cheveux étranges se mit alors à réfléchir au temps qu'elle disposait.

- Humm... non, c'est bon. Ça peut encore attendre.

Elle sourit à la jeune femme puis s'installa sur un banc près de celui où Selena était installée quelques secondes auparavant.

- C'est quoi déjà cette expérience? Il me semble que tu travailles dessus depuis longtemps...

"Il a la mauvaise manie d'emprunter sans demander." concéda Selena à propos du cas Erwan, qui lui avait déjà fait plusieurs fois le coup avant de comprendre les bonnes manières en sa présence, pour le bien de son intégrité physique et de l'atmosphère de son lieu de travail.

Selena hocha la tête, heureuse qu'Arianne laisse l'expérience se terminer car elle était assez précieuse à son coeur. Elle leva la main pour saisir ses lunettes et les laisser pendre au bout d'un cordon contre sa poitrine. Elle s'appuya sur la table de travail qui occupait le centre de la pièce en attendant que l'expérience finisse. Elle rejeta machinalement ses cheveux derrière ses oreilles, puis croisa les bras tout en répondant à Arianne, posant son regard sombre sur elle.

"Nous recherchons une plante aux vertues épuratives, capable de survivre à une atmosphère polluée et radioactive tout en contribuant à l'assainir. Nous avons effectué de nombreux prélèvements sur la flore de l'île qui, comme tu le sais, a subi de nombreuses mutations intéressantes. Les échantillons ont été soumis à des radiations et des atmosphères polluées, et nous étudions maintenant la résistance aux températures extrêmes ainsi qu'aux divers taux de luminosité des specimens qui ont été retenus lors du premier test. Il faudra ensuite vérifier leur évolution dans un milieu tel que je te l'ai décrit. C'est en effet particulièrement long." expliqua-t-elle.

Pendant qu'elle parlait, le thermomètre indiquait une chaleur de plus en plus importante, atteignant maintenant 44°C.

Arianne écouta attentivement ce que lui expliquait Selena, buvant pratiquement ses paroles. Elle aimait bien discuter avec elle, de temps à autre lorsquq'elles se croisaient, puisqu'elle savait s'exprimer clairement. La jeune femme hocha à son tour la tête, pour démontrer qu'elle comprenait parfaitement de quoi sa collègue lui parlait. Elle trouvait cette expérience très intéressante, contrairement à celle qu'elle avait fait tout récemment. C'était enrichissant au moins!

- Eh bien, j'espère que vous aurez des résultats concluant. Ça demande d'énormes efforts tout ça! Tu réussis à dormir entre temps?

Arianne sourit à Selena. Elle ne connaissait pas très bien son rythme de vie, mais si elle s'en tenait au sien, sa collègue ne devait pas se reposer très souvent. Elle avait aussi remarqué la bouteille de sirop à la menthe, ce qui la fit sourire de plus belle. Elles devaient être identiques sur ce point: le boulot avant le dodo, jusqu'à ce que tout soit parfait!

- En tout cas, je ne regrette pas d'être restée ici. On est plutôt choyés quand même.

À la fin de sa phrase, Arianne se mordit la lèvre inférieure comme si elle avait des remords. Elle ignorait si Selena était ici de gré ou de force, et elle s'était jurée d'éviter le sujet avec tous les travailleurs de l'établissement, au cas où cela créerait des relations froides entre eux.

* J'espère qu'elle ne prendra pas mal ce que je viens de dire... *